Les chemins mythiques sont nombreux en Lozère et aujourd’hui pour la plupart balisés en GR. Ils permettent de marcher dans les pas de milliers de pèlerins, de suivre le parcours de Stevenson dans les Cévennes ou de revivre l’épopée des charrois dans le site d’exception des gorges du Chassezac.
La route qui traverse le Gévaudan, mène du Puy à Roncevaux en passant par Conques et Moissac, via l’Espagne. Il fallut attendre le XIe siècle où l’engouement pour Compostelle se conjugua avec l’esprit de « Reconquista », pour voir affluer les pèlerins français. Le rôle de Cluny fut primordial car il organisa « l’intendance » inhérente au pèlerinage. Il fut même édicté des lois protégeant le pèlerin des « coquillards » (gens malhonnêtes abusant des jacquets) car entreprendre le pèlerinage était une entreprise à l’issue incertaine et la traversée de l’Aubrac dans notre département était particulièrement redoutée.
Le GR 65 mène le pèlerin depuis Saint-Roch à Nasbinals, en passant par Saint-Alban-sur-Limagnole et Aumont-Aubrac, pour ne citer que les principaux bourgs. La première rencontre avec un édifice religieux a lieu à Saint-Roch où non loin de la fontaine-oratoire aux eaux miraculeuses (guérissant de la peste) se trouve une jolie chapelle de granit, dans un cadre très agréable. Au château de Saint-Alban, prochaine étape sur notre itinéraire on peut voir la coquille et le bourdon (Long bâton de pèlerin terminé à sa partie sommitale d’un ornement en forme de gourde ou de pomme), emblèmes des jacquets sculptés sur le fronton du château mais aussi sur l’un des chapiteaux de l’église. Cette dernière, serait la chapelle agrandie de l’ancien monastère. Il était, tout comme les hospices, un élément vital pour les pèlerins qui y trouvaient réconfort chaleur et soin. Le Pont des Estrets, hameau voisin, doit sa raison d’être, au pont qui enjambe la Truyère et pour lequel on devait s’acquitter d’un péage au seigneur de Peyre. Aumont possédait un prieuré qui abrite aujourd’hui l’office de tourisme. C’est un beau bâtiment, en moellons de granit avec un portail en arc brisé et présentant une statue de Saint-Jacques, comme pour rappeler que le chemin passait, passe et passera toujours par ce village. L’église Saint-Etienne abrite à l’extérieur la croix dite « de l’Oustalet ». Sculptée des deux côtés du fût, on peut voir la Vierge et l’Enfant debout surmontant la coquille (ou bénitier) et à l’arrière la gourde, le bâton (ou gourdin) du jacquet.
Quittant Aumont-Aubrac, une longue traversée s’annonce, ponctuée de quelques hameaux avant d’atteindre Nasbinals. Traverser l’Aubrac en été est un réel enchantement, où les nombreux ruisseaux procurent l’eau rafraîchissante et l’air emplit les narines de milliers de parfums. On dénombre 12 800 fleurs différentes sur ce plateau, une aubaine pour les botanistes ! Enfin à Nasbinals les groupes de pèlerins se séparaient parfois ici, certains continuant en direction de l’actuel GR 65, d’autres partant plus au sud, sur le « chemin de Saint-Guilhem ». Les pèlerins suivaient davantage un faisceau de chemin qu’un tracé en particulier. L’église de Nasbinals en granit foncé de pur style roman auvergnat est attestée dès 1074. Magnifiquement restaurée, le chœur d’origine est à nouveau dévoilé. Le presbytère attenant est également un très bel édifice. Les moines qui s’occupaient de l’accueil dépendaient de la domerie d’Aubrac en Aveyron. Elle était une des plus connues sur le chemin de Saint-Jacques.
En raison de son intérêt le chemin a été reconnu par le Conseil de l’Europe « Premier Itinéraire Culturel Européen » en 1997 et a obtenu le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO fin 1998.