Architecture traditionnelle

Roches et constructions, l’habitat traditionnel de Lozère obéit à la diversité de ses paysages. Les matériaux des habitations du département se résument en trois mots : granit, calcaire et schiste, qui parfois se marient adroitement.
L’Aubrac, la Margeride et le Mont-Lozère sont les terres d’élection du granit. Elles sont situées à une altitude assez élevée variant de 1 000 à 1 500 m avec quelques crêtes du Mont-Lozère culminant à 1 700 m. Les hivers sont rudes et enneigés avec de forts vents. C’est donc en fonction de ces éléments climatiques que les hommes ont conçu leur habitat mais aussi en corrélation avec leurs activités.

 

Aubrac et Margeride

L’étable et le logis au rez-de-chaussée sont dans le prolongement l’un de l’autre, sous le même toit. La salle commune bénéficiait d’un apport calorique important entre la chaleur dégagée par les animaux d’un côté et la grande cheminée de l’autre. Au-dessus de l’étable, il y avait le fenil ou la grange. Dans le prolongement de la grange, les combles permettaient de stocker la nourriture et les semailles.
L’activité principale des terres granitiques du nord du département et qui perdure encore de nos jours est l’élevage bovin. Les bâtiments d’habitation sont en même temps des bâtiments d’exploitation. Les hameaux vivaient en quasi-autosubsistance.
La maison-type est à demi-enterrée dans le sol du côté nord et oriente sa façade au sud ou à l’est pour profiter d’un ensoleillement maximal. Elle utilise la pente pour accéder aux différents niveaux de plain-pied. Deux types d’organisations des bâtiments sont en vigueur : le modèle en ligne ou en L. En raison du poids du granit, les constructions ne comptent pas plus de deux étages. Les fenêtres sont souvent dans le même alignement, de petites tailles et encadrées d’un gros appareillage. Les murs sont composés de deux parements avec un remplissage de « tout-venant » et enduits d’un film d’argile afin d’en assurer l’étanchéité.

 

Bâtisseurs d’aujourd’hui

La Lozère, pays de traditions, n’en est pas moins tournée vers le futur et a su réaliser des ouvrages contemporains qui respectent son environnement d’exception.

 

 

Le petit patrimoine…

Le charme du monde rural, hormis l’habitat traditionnel et son environnement préservé, réside dans une multitude de petits éléments disséminés. On les considère parfois anodins mais, quand ils disparaissent, leur absence génère de la nostalgie.
Les conserver et les connaître contribue à garder l’identité du monde rural et de son savoir-faire.

 

Le jour du pain

Le four à pain communal fut de tout temps le symbole de la collectivité villageoise, le lieu de rassemblement pour cuire le pain, nourriture de base. Sa forme parfois varie, mais le principe de construction est toujours le même.
Le hangar, possède un toit charpenté, couvert de lauzes. Des murs maçonnés protègent la chambre de chauffe toujours voûtée, afin de mieux conserver la chaleur. La cuisson finie, chaque famille reprenait son pain marqué d’un signe : initiale, croix, cercle… Un pain était toujours réservé à la veuve du village ou à une famille dans le besoin et tous se retrouvaient pour la fournée suivante, quinze jours à un mois plus tard. De nos jours, le pain cuit au four communal se déguste entre amis, entre villageois et touristes au son de l’accordéon !

 

Au pays des Sources : lavoirs, abreuvoirs et fontaines

Les jeunes générations ne voient dans les fontaines qu’un mobilier urbain décoratif, alors que c’était il y a quelques décennies, un lieu stratégique de la vie du village; un point d’eau potable mais aussi souvent un abreuvoir pour le bétail et les fontaines étaient souvent entourées de bouses de vaches lesquelles étaient difficile à éviter à la tombée de la nuit.
La fontaine était aux femmes ce que le café était aux hommes : un lieu de rencontre où les langues se déliaient !

 

Le ferradou

Très souvent à proximité du four se trouve le « Travail » ou métier à ferrer également nommé « ferradou » en occitan. Cet instrument servait à ferrer les bêtes : boeufs ou vaches principalement. Il resta en fonction jusqu’aux années soixante. Le ferradou était bâti en granit, même si l’on en trouve quelques-uns fabriqués avec de grosses poutres en bois.
Véritable élément du patrimoine rural, les ferradous sont de plus en plus rares puisque majoritairement construits en matériaux périssables, ils ont perdu leur raison d’être, ils sont les témoins d’un passé agricole peu mécanisé où la vache était un bien précieux fournissant les produits laitiers, la viande et la force d’un travail parfois difficile.

 

Au fil de l’eau

L’agriculture sur les montagnes de haute Lozère a été, jusqu’à la guerre de 1939, une agriculture en grande partie vivrière, autarcique et comportait donc une partie assez importante de production céréalière, autant pour les hommes que pour les bêtes.
En général de petite taille, les moulins du nord Lozère renferment dans un même bâtiment 2 moulins à roue horizontale indépendants mais alimentés par la même réserve d’eau. Ainsi, on disposait d’un moulin à farine panifiable, c’est-à-dire pour le pain, et un autre avec des meules un peu plus petites pour moudre plus grossièrement les céréales destinées aux animaux.
L’installation d’un moulin, notamment sur des petits ruisseaux où la pente n’est pas très importante, nécessitait tout un aménagement hydraulique afin de capter dans une grande tranchée – un béal – de l’eau en amont et la construction d’une digue – la gourgue – pour l’amener en une puissante chute d’eau au moulin. Grâce à un judicieux jeu de vannes, la puissante arrivée d’eau entraînait alors les axes – les aubes – qui, à l’aide des engrenages, actionnaient la meule. Le béal s’engouffre sous la bâtisse pour rejaillir plus en aval.

 

Croix des villages, croix des chemins

Les croix sont des centaines, en bois, en pierre ou en fer dans les villages, sur les sommets, au carrefour des sentiers. Les plus anciennes se rencontrent auprès des sources, des lacs, des fontaines, des menhirs ou des dolmens. Elles étaient construites afin de christianiser les nombreux lieux de cultes et d’adoration druidique ou plus généralement païens. On les retrouve également en souvenir des missions.
Quant aux croix placées aux abords des villages, elles avaient pour vertus de protéger des misères véhiculées par les chemins. De même placées sur les ponts, elles rassuraient le passant en cas de crues.
Mais les croix avaient et ont toujours un aspect pratique, foncier. Elles étaient utilisées pour le bornage des terres et quelques-unes ont étés conservées. Les croix de granit sont généralement les plus impressionnantes par leur massivité et leurs sculptures.